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Apprentissage : des chiffres records à nuancer

lundi 1er février 2021 - ◷ 3 min

Alors que la ministre du Travail Elisabeth Borne se félicite de chiffres records pour l’apprentissage en 2020, une autre réalité se cache derrière ces annonces. La difficulté à trouver une entreprise d’accueil pénalise en effet aujourd’hui des milliers de jeunes. L’UNSA s’inquiète de leur situation et demande des solutions rapides.

450 000 nouveaux contrats d’apprentissage en 2020 contre 368 000 en 2019, les primes exceptionnelles octroyées dans le cadre du plan de relance (5 000 euros pour les mineurs et 8 000 euros pour les apprentis majeurs) semblent avoir porté leurs fruits, au point qu’elles sont susceptibles d’être prolongées selon les annonces de la ministre.
Cependant, un premier bémol important est à noter lorsque l’on rapproche ces chiffres de ceux concernant le contrat de professionnalisation enregistrés sur la même période. Ceux-ci sont en baisse notable : - 40,3 % en novembre 2020 par rapport à novembre 2019. De plus un effet transfert n’est pas à exclure entre les deux dispositifs d’alternance, l’apprentissage étant le plus avantageux pour les entreprises.

38 000 jeunes en attente de contrat

Si l’on examine plus finement ces résultats, la recherche d’entreprise d‘accueil et son corollaire la signature du contrat est une vraie problématique pour de nombreux jeunes.
Des secteurs comme l’hôtellerie ou le tourisme particulièrement frappés par la crise économique voient en toute logique leur offre baisser.
Jusqu’au 31 décembre 2020, pour faire face à ces difficultés, le gouvernement avait garanti aux jeunes sans contrat, un sas de formation et d’accompagnement d’une durée de 6 mois pris en charge par les CFA.

Ces derniers bénéficiaient d’une aide financière forfaitaire de 500 euros par mois versée par l’opérateur de compétences (OPCO) Entreprise de proximité (EP) à laquelle pouvaient s’ajouter également les frais annexes d’hébergement et de restauration.

Selon les chiffres du ministère du Travail publiés le 18 janvier, 51 000 jeunes sans entreprises d’accueil sont entrés dans ce dispositif « des six mois en CFA avant embauche » entre août et décembre 2020.
17 % d’entre eux en sont sortis après avoir signé un contrat, tandis que plus de 8 % ont dû abandonner la voie de l’apprentissage, et 75 % (38 000 d’entre eux) sont toujours dans ce « sas ».

Accompagnement, aide financière : l’UNSA demande des réponses rapides

Pour l’UNSA, il est évident qu’un meilleur ciblage sectoriel avec une évaluation réelle des potentialités de signature des contrats doit être mise en place avant les entrées en CFA.
Le risque est en effet de décevoir, de démobiliser et de placer dans des situations sociales difficiles, les jeunes candidats, par une politique du chiffre, qui ne tient pas compte des débouchés.
Si la crise économique vient percuter l’offre d’emplois en alternance, il est bon de rappeler que l’apprentissage est fondé aussi sur un principe essentiel : l’engagement des entreprises
Pour l’UNSA, une orientation avec admission prioritaire vers les formations du Pacte régional investissement dans les compétences (PRIC) ou du Plan régional de formation (PRF) devrait être envisagée pour ces jeunes sans contrat.

Par ailleurs, l’UNSA réclame que toute la lumière soit faite rapidement sur les pratiques de certains CFA privés qui réclameraient notamment, selon l’Association nationale des apprentis de France (ANAF) des frais supplémentaires d’accompagnement pour les jeunes en recherche d’entreprises.

L’UNSA avait dès 2018 alerté sur les risques de la libéralisation de l’apprentissage, avec l’apparition de nouveaux acteurs privés, pour certains uniquement motivés par le profit.
L’UNSA avait également mis en garde sur la fin du pilotage et du contrôle de l’apprentissage par les régions.

L’UNSA souhaite que tous ces jeunes en attente de contrat, depuis plus de six mois n’ayant donc aucune rémunération, ni débouchés puissent avoir une aide financière et un accompagnement pour éviter de basculer dans la précarité et dans une nouvelle trappe de décrochage.

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