Chaque mois, un résumé des éléments les plus importants contenus dans l’"essentiel de l’éco".
Le taux d’inflation en glissement annuel (annexes) pour janvier 2023 a été confirmé par l’INSEE à 6%, après 5,9% en décembre 2022. La hausse des prix, qui ne faiblit toujours pas, est portée notamment par ceux de l’énergie (+16,3%) et de l’alimentation (+13,3%).
L’INSEE a également mis à jour les niveaux de salaire moyen et médian pour 2021. Par rapport à 2020, en équivalent temps plein (EQTP), ils augmentent très faiblement en valeur et, en raison de l’inflation, ils diminuent en euros constants de 1,3% pour le salaire net moyen et de 1,2% pour le salaire médian. Vous retrouverez aussi en annexes les seuils de salaires par déciles, actualisés pour 2021.
Au 4ème trimestre 2022, le taux de chômage est quasi-stable par rapport au 3ème trimestre (-0,1 point) à 7,2% de la population active. Il est à son plus bas niveau depuis le 1er trimestre 2008, en exceptant la baisse en « trompe l’œil » du 2ème trimestre 2020.
Le nombre de chômeurs baisse de 45 000. Cela est à mettre en comparaison avec l’augmentation du nombre de personnes dans le halo autour du chômage (+ 38 000), bien qu’une partie d’entre eux puisse être des personnes auparavant en inactivité hors halo.
Pourquoi le taux de chômage reste-t-il à un niveau historiquement bas malgré des signaux économiques négatifs ?
Guerre en Ukraine, politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne, prévisions d’un ralentissement économique en 2023…
Malgré ces perspectives peu optimistes sur le dynamisme de l’activité à court et moyen terme, les chiffres de l’emploi et du chômage au cours de l’année 2022 sont restés sur une tendance positive.
Difficile de dire si cette situation perdurera, tant la prévision en économie est un exercice difficile.
Rappelons-nous qu’en 2020, en plein cœur de la crise Covid, les différentes institutions de prévisions prévoyaient une augmentation du taux de chômage à plus de 10, voire 11%. Or, il n’a finalement jamais dépassé 9%.
Les mesures de soutien aux entreprises (chômage partiel et fonds de solidarité) ont permis de maintenir de nombreux emplois, participant aussi à un phénomène de rétention de main d’œuvre, dont les effets peuvent se faire encore sentir aujourd’hui. En effet, au vu du nombre d’emplois créés depuis 2020 et de l’augmentation de la production, la productivité par tête a diminué.
Avec notamment la fin du quoiqu’il en coûte et le resserrement monétaire, certaines entreprises parmi les moins productives pourraient disparaître, entraînant des destructions d’emploi.
Nous pouvons déjà remarquer un basculement fin 2022, avec une nette hausse des défaillances d’entreprises, qui avaient été à leur plus bas en 2020 et 2021.
Le redémarrage économique suite à la crise Covid - notamment en 2021 avec un prolongement en 2022 - a participé de la dynamique de l’emploi observée au cours des deux dernières années (+ 888 000 emplois entre fin 2019 et fin 2022). Mais après 6,8% en 2021 et 2,6% en 2022, la croissance du PIB pourrait être inférieure à 1% en 2023, ce qui devrait donner un coup de frein aux créations d’emplois. D’ailleurs, au 4ème trimestre 2022, l’emploi salarié du secteur privé était stable après 7 trimestres consécutifs de « nette hausse », selon l’INSEE.
Est-ce le premier signal d’un retournement ?
En outre, les fortes créations d’emplois des deux dernières années ne sont pas imputables seulement à la forte croissance économique qui a suivi la crise Covid. Une politique publique en particulier semble avoir favorisée de manière assez sensible cette augmentation.
En effet, aidée par les modifications apportées par la Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de 2018 et par les aides à l’embauche incluse dans le plan 1 jeune - 1 solution de 2020, l’essor de l’apprentissage a été impressionnant.
On comptait ainsi 463 106 contrats d’apprentissage (secteur privé) fin novembre 2019 contre 945 164 fin novembre 2022. L’année dernière, l’OFCE évaluait que l’apprentissage représentait 2/3 des emplois créés entre fin 2019 et fin 2021. Pour sa part et sur la même période, l’INSEE estimait que le nombre de contrats d’alternance expliquait 43% de la progression du nombre d’emplois salariés.
Bonne tenue des indicateurs de créations d’emploi et de chômage ne signifie pas fonctionnement du marché du travail vertueux ni amélioration de la qualité de l’emploi.
Ainsi, l’INSEE calcule que 16,5% des participants au marché du travail (actifs ou dans le halo) sont contraints dans leur offre de travail, que celle-ci ne soit pas utilisée (chômage et halo) ou sous-utilisée (sous-emploi).
Aussi, les embauches en contrats courts de moins d’1 mois restent à des niveaux relativement élevés.
Les dernières prévisions économiques tablent sur une augmentation du taux de chômage en 2023. Celui-ci pourrait atteindre, en fonction des organismes, 7,5%, voire plus de 8% en moyenne annuelle (après 7,3% en 2022).
1- Voir la définition en page 15 des annexes.
2- On retrouve, dans l’inactivité hors halo, les étudiants, les retraités ainsi que toutes personnes qui, pour une raison ou une autre, ne souhaite pas travailler sur une semaine de référence.
3- Un essor non dénué d’écueils. À ce titre, lire cet article : https://www.unsa.org/Apprentissage-des-etrennes-pour-les-entreprises.html