Accompagner, former les salariés et demandeurs d’emploi aux compétences de base constitue un véritable enjeu pour l’accès et le maintien dans l’emploi.
Pour faire face à cette situation, l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme), propose de nombreuses solutions construites avec les acteurs du monde du travail : OPCO, branches professionnelles et met à disposition des outils pour mieux repérer, agir sans stigmatiser.
Pour illustrer les initiatives et outils proposés dans le monde du travail, l’ANLCI organisait un événement labellisé « 2023, année européenne des compétences » le 13 juin dernier.
Cette journée à laquelle l’UNSA participait, a rassemblé de nombreux partenaires et membres de l’ANLCI.
Bâtie autour de témoignages et d’ateliers, ce fut l’occasion d’échanger sur les leviers qui contribuent à élaborer des plans d’actions notamment dans la construction de formations.
Agir tout au long du parcours professionnel
En effet, parmi les 2.5 millions de personnes en situation d’illettrisme, près de la moitié ne maîtrisent pas les compétences nécessaires pour leur permettre d’être autonomes dans leurs démarches au quotidien et d’entrevoir un avenir plus sécurisé notamment le monde du travail.
De plus, avec l’intrusion de l’outil numérique dans tous les domaines (recherche d’informations, démarches administratives, digitalisation d’activités professionnelles…), les personnes subissent de plein fouet une double peine avec un risque majeur d’exclusion.
Au plus près des salariés
Des entreprises (Sodexo, Disneyland Paris, EDDEN…) ont pu avec l’appui de l’ANLCI et les financements du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) mettre en œuvre des programmes de formation de base pour leurs salariés. Afin de répondre aux besoins réels des salariés, un outil innovant de diagnostic et d’évaluation des situations d’illettrisme, EVA@GILL propose d’identifier les risques et d’en mesurer les impacts sociaux et économiques.
La formation, des effet positifs pour le salarié et l’entreprise
En effet, toutes les évaluations montrent que la mise en place d’actions ciblées pour renforcer les compétences clés produit des effets sur plusieurs niveaux : la sécurité au travers de la compréhension et le respect des consignes, la mobilisation des salariés (plus d’implications dans le travail), une meilleure cohésion d’équipe, davantage d’autonomie et un accès à des apprentissages techniques.
En somme du gagnant-gagnant.
Pour autant, la partie n’est pas terminée et il est urgent d’agir de concert sur l’inclusion numérique.
Un risque d’exclusion plus fort pour les personnes en situation d’illectronisme
Alors que près de 90% des contenus du WEB sont textuels, le risque d’illectronisme découle et s’accroît avec l’illettrisme.
Par ailleurs, des personnes sachant lire et écrire peuvent se retrouver incapables d’utiliser les outils numériques et en particulier les personnes les plus âgées. C’est ce que révèle une étude de l’INSEE* :
« En 2021, 15,4 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France sont en situation d’illectronisme :
13,9 % n’ont pas utilisé Internet au cours des trois derniers mois et 1,5 % l’ont utilisé mais ne possèdent pas les compétences numériques de base.
L’illectronisme s’accroît nettement avec l’âge et est plus répandu parmi les personnes les plus modestes.
En outre, 28 % des usagers d’Internet ont des capacités numériques faibles, c’est-à-dire qu’ils manquent de compétences dans un, deux ou trois domaines parmi les cinq que sont la recherche d’information, la communication en ligne, l’utilisation de logiciels, la protection de la vie privée et la résolution de problèmes en ligne.
La protection de la vie privée est le domaine de compétences le moins maîtrisé, tandis que presque tous les internautes savent communiquer par Internet.
L’illectronisme a diminué de 3 points entre 2019 et 2021, dans le contexte de la crise sanitaire. Les compétences liées à l’utilisation de logiciels et à la recherche d’information en ligne se sont particulièrement diffusées. »
Des branches s’engagent dans la lutte contre l’illectronisme
Alors que le monde du travail a été éprouvé par la pandémie de 2020, le recours au télétravail pendant et après la crise est devenu depuis une réponse structurelle.
Ce mode d’organisation impose que la personne soit en capacité d’utiliser les technologies de l’information et de la communication.
Pour autant, ne pas maîtriser les compétences de base dans le domaine numérique peut affecter durement la vie professionnelle des salariés qui sont en difficulté.
Pour éviter de telles situations, la branche Propreté en partenariat avec AKTO a lancé un outil pour lutter contre l’exclusion numérique : PropO’WEB.
Ce parcours modulaire permet au salarié, selon ses besoins, par exemple de mieux appréhender et maîtriser l’utilisation de son smartphone, d’une tablette comme de trouver une formation avec l’application CPF.
Pour l’UNSA, les partenaires sociaux ont un rôle essentiel pour lutter contre l’illettrisme et l’illectronisme.
Que ce soit dans l’entreprise, dans les branches, la sécurisation des parcours professionnels ne peut se concrétiser pour des personnes vulnérables face à l’emploi que par des actions ciblées.
Les CSE doivent s’emparer du sujet et saisir toutes les opportunités : GPEC, PDC, volet social de la RSE … pour faire ce cet enjeu d’accès et de maintien dans l’emploi une réalité pour toutes et tous.
Pour aller plus loin :
ANLCI : le site
La Charte de l’ANLCI
Prop O’Web
Insee Première • n° 1953 • Juin 2023
La Plaquette Evagill :